Valentin Asselain

Valentin Asselain [ Doctorant ]

Titre de la thèse : A la recherche de l'épanouissement et de la durabilité au travail. Les dilemmes de la professionnalisation des cueilleurs et cueilleuses de plantes sauvages en France

Thèse de doctorat en Sciences Sociales

Réalisée sous la direction de Florence Pinton (SadApt) et le co-encadrement de Samuel Roturier (ESE), cette thèse de sciences sociales explore plus particulièrement la question : « en quoi la professionnalisation de la cueillette pourrait ou non participer à l’émancipation des cueilleurs et la durabilité du métier ». Vous trouverez à la fin de ce courrier un résumé détaillé.

Composition du jury

  • Razmig KEUCHEYAN Professeur, Université Paris Cité, Rapporteur & Examinateur
  • Laura CENTEMERI, Chargée de recherche (HDR), CNRS (EHESS), Rapporteur & Examinatrice
  • Isabelle ARPIN, EFCF, INRAE (Université Grenoble Alpes), Examinatrice
  • Jean FOYER, Chargé de recherche, CNRS (Université Sorbonne Nouvelle), Examinateur
  • Virginie MARIS, Directrice de recherche, CNRS (Université de Montpellier), Examinatrice
  • Florent SCHEPENS, Professeur, Université de Franche-Comté, Examinateur
Membres invitées
  • Sarah Thiriot (sociologue, ADEME, Financeur)
  • Laurence Chabert (ethnobotaniste, professionnelle de la cueillette)
Résu

La cueillette commerciale de plantes sauvages a pris progressivement le pas sur les cueillettes que réalisaient les familles paysannes jusqu’aux années 1960 pour compléter leurs revenus. Elle a suivi le cours des mutations du monde agricole et de l’industrie pharmaceutique depuis la moitié du XXème siècle, s’est diversifiée et répond aujourd’hui à de nouvelles attentes sociétales vis-à-vis de la nature et du soin. Les cueilleurs et cueilleuses contemporains, disséminés sur tout le territoire et plus particulièrement dans les zones de moyenne montagne, font appel à un très large éventail de pratiques. Que ce soit en termes de volumes de cueillette, de procédés de transformation, de modes de commercialisation ou encore de rapport à la nature, le groupe professionnel des cueilleurs est marqué par une forte hétérogénéité. Dans leur très grande majorité, les cueilleurs pratiquent aussi la mise en culture de Plantes à Parfum, Aromatique et Médicinales (PPAM), et diversifient leurs sources de revenus.

Le rapport au travail des cueilleurs est marqué par l’importance que prennent les dimensions sensibles vis-à-vis des plantes, et plus généralement des milieux naturels qu’ils sont amenés à sillonner de saison en saison. Ils se démarquent ainsi du processus de modernisation agricole ayant dépossédé les paysans de leurs savoirs, au profit d’une relation jugée privilégiée avec la nature et marquée par l’empirisme. Toutefois, diverses menaces planent sur la ressource en plantes sauvages côtoyée par les cueilleurs. Ce métier, jugé attractif et investi par un grand nombre de personnes ces dernières années, est encore mal reconnu par les pouvoirs publics, et peu audible au sein de la profession agricole. L’organisation des cueilleurs en collectifs (associations, syndicats...) œuvre ainsi à la professionnalisation de l’activité. Cette dernière, faite d’une variété de “chemins” sur lesquels s’embarquer ou pas, mène les cueilleurs à redéfinir les contours de leur activité, à se mettre en lien avec de nouvelles “écologies” professionnelles, mais aussi questionner le bien-fondé de telles initiatives. Ces dernières sont en effet ambivalentes, d’autant plus quand les métiers concernés sont en proximité avec le vivant.

Après trois années d’entretiens et d’immersion auprès des cueilleurs et des acteurs institutionnels ou économiques proches des cueillettes commerciales, nous tâcherons de répondre à la question suivante : en quoi la professionnalisation de la cueillette pourrait ou non participer à l’émancipation des cueilleurs et la durabilité du métier ? La professionnalisation est souvent le signe d’un bouleversement de l’activité, vers une plus grande normalisation. La voie est donc étroite, entre le souhait de conserver les aspects émancipateurs du métier, et la réponse collective à apporter à différentes menaces, que ce soit la pression sur les milieux naturels, les effets de la mondialisation du marché des plantes, les conséquences du dérèglement climatique ou encore les possibles effets de concurrences entre cueilleurs sur leurs propres sites.